Les dessins
de Nijinsky.
Si le "Journal" de Nijinsky est cité en larges extraits dans "ERIK N / Le Danseur", ses dessins font également l'objet de commentaires. Je commencerai par les présenter de façon générale. Pour cela, je m'appuierai sur un texte de la Chorégraphe Madeleine Abassade. Elle y signale que les dessins du danseur russe tombé psychiquement malade, peuvent faire penser à des pratiques spirites.
Les dessins comme pratique du spiritisme ?
Vaslav Nijinsky, exilé en Suisse, effectua un grand nombre de peintures et dessins pendant la période de l'hiver 1917 à janvier 1919, dont cent cinquante- six ont été retrouvés. Ils sont pour certains figuratifs, d'autres sont abstraits, tous fortement marqués par des formes circulaires et ovoïdales, auxquels s'ajoutent des schémas d'inventions. Ils seront exposés plusieurs fois de son vivant. Dans le catalogue Nijinsky du musée d'Orsay édité en 2000, William A. Emboden relie la présence du cercle à la Théosophie, une des branches du spiritisme, qui lui aurait « enseigné que tout, dans la nature, était l'œuvre d'une force rythmique et géométrique. » Pour Marcella Lista, dans le catalogue de l'exposition Danser sa vie qui s'est tenue au centre Pompidou de novembre 2011 à avril 2012 : « Les (dessins) de Nijinsky, compositions abstraites fortement dynamisées par la forme circulaire et les complémentaires rouge et bleu, évoquent une matrice à la fois cosmique et biologique.
Ils ont le statut de diagrammes pour une pensée chorégraphique où cherche à s'inscrire l'ontologie du vivant. ». Vaslav Nijinsky dessinait quand il apprit le décès de son frère survenu au cours de l'incendie de l'asile situé à SaintPétersbourg. Il arrête de dessiner et se met à écrire. Nous interrogerons les dessins en suivant ce que Nijinski en dit dans ses Cahiers. Ne pourrait-on les considérer comme des talismans ? A priori, pour Nijinsky, ils le sont car ils le protègent.
J'ai suivi cette interprétation car elle cadre avec mon roman. Nijinsky malade est enfermé dans le cercle maléfique de sa maladie. Il dessine ce qui s'apparenter à des totems, pour se libérer...
Erik évolue dans une circularité parfois maléfique et parfois inquiétante. Il est clair, cependant, qu'enfermé dans un cercle, il ne cherche pas à en sortir. Le ballet "Jeux" qui est souvent repris en référence dans le texte, renforce le théme de la circularité et du chiffre trois. Les danseurs semblent former des cercles et si l'un en sort, l'autre le fait revenir...
Il s'agit là d'une simple présentation des dessins de Nijinsky, tels que cités ou décrits dans le roman. En aucun cas, cette présentation n'est une étude exhaustive.