395995-benisaf1_1331895375

La famille d'Esther est parisienne mais les grands-parents vivaient à Oran....

Mais je crois qu'il est temps que j'en dise plus sur les miens. Vous comprendrez ainsi que je n'affabule pas...

Mes frères et moi, on a tous fait des études, passé des concours et eu des bourses. On s'est toujours démené pour trouver des petits boulots. Tout le monde fait sa route. Mon frère, ingénieur en mécanique, travaille à Orléans. Il est marié et a un bébé. Mon autre frère est infirmier en libéral. Il vit seul mais a beaucoup d'amis. Il est difficile de s'inquiéter pour lui.

Moi, j’ai voulu faire du droit ! Ne me demandez pas pourquoi et pensez ce que vous voulez. Elle veut être avocate car la perte de l’Algérie et le déracinement sont dans ses gênes, même si ses gentils parents sont si bien en France. Il y le regret la belle villa d’Oran en eux, quoi qu'ils en disent ! La maison avec les murs orange et la belle terrasse dont les grands-parents exilés parlent toujours ! Bon oui d'accord. De toute façon, je ne souhaite pas polémiquer.

Mon père, dont je suis la seule fille, a approuvé mon choix d'études. Me trouvant très jeune, il n'a pas souhaité que je vive seule. De ce fait, la première année de droit, j’ai partagé un petit appartement avec une amie : une française de souche qui s’appelait Sylvie.Bien sûr, mes parents connaissaient la famille de la jeune fille et mon père a approuvé cette cohabitation. Pourtant, celle-ci n'a pas si bien marchéque cela et j'ai ensuite désiré vivre seule. Mon père a abondé dans mon sens. Enfin, façon de parler car mes charmants parents étaient chez moi pour un oui pour un non. Ils payaient mon loyer, ce qui rendaient difficile de mettre le haut-là.

pieds noirs

Le temps a passé, je suis devenue avocate et me suis mariée. Deux ans après, j'ai divorcé. J'avais épousé un égoïste très fier de lui. Je suis devenue dépressive, suite à cet échec et mes parents m'ont bien entendu tendu la main ! Dès le début, ils n'avaient pas apprécié mon mari, mon père surtout. La raison la plus profonde était qu'il s'agissait d'un Français de souche normande. Lui, ce qui lui plaisait, c'était un descendant de pied-noir, de souche juive par exemple. J'aurais dû le savoir...

Je sentais un piège prêt à se refermer mais j'avais encore assez de sang froid pour refuser de vivre à nouveau sous leur toit mais pas assez de ressort pour me lancer dans la fastidieuse recherche d'un appartement à Paris ! C'est à mon père qu'est échu la tâche de me trouver un logement. Il s'est très bien acquitté de sa tâche , trouvant pour moi un deux pièces clair et très propre près de mon travail dans le cinquième. Le loyer n'en était pas extravagant et d'emblée, j'ai ressenti un grand contentement. Dans ce joli quartier, j'allais retrouver mon équilibre. Il faut dire que cette fois, j'étais à même de m'assumer financièrement. De plus, concernant leur arrivée intempestive pour un oui pour un non, j'avais chapitré mes parents qui semblaient se faire une raison...

Les premières semaines, j’ai remercié le ciel de pouvoir bénéficier d'une telle aubaine. Situé au troisième étage sans ascenseur, ce petit logement avait dû être habité par un être aux goûts exquis. Il avait repeint les murs du salon en or et marron clair et ceux de la chambre en blanc et bleu. Le propriétaire m'ayant demandé si je souhaitais que tout redevienne blanc, je m'étais empressée de lui dire que tout était parfait. Il en allait de même d'un joli fauteuil brun qu'il avait laissé là et d'une étagère toute blanche. Le tout me ravissait.