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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
4 janvier 2024

ESTHER ET LA PETITE DANSEUSE ORIENTALE. Esther : les origines.

tal-antisémitisme

 

Lui dire pourquoi je ne pouvais absolument pas rester dans l'appartement qu’il avait trouvé pour moi, ça, j'en étais incapable. Et pour cause ! Il allait vouloir connaître la raison de mon départ et franchement, si je la lui donnais... Non, ça, c'était impossible !

Pouquoi ? Parce que  mon père s’appelle Samuel Bénichoux et je suis son unique fille. Mon prénom est Esther.

Je crois que vous pouvez comprendre que mes grands-parents sont arrivés d'une Algérie qui cessait d'être française et que ce départ dont ils ne voulaient pour rien au monde, a été une cassure. Leurs « enfants » (mes parents, donc) ont formé un couple solide mais très protecteur. S'ils laissent un peu de marge à mes deux frères, moi, ils ne me lâchent pas et s'occupent de tout ! Qu'ils soient à ce point envahissants me gêne, je dois dire !

Mais avant d'en dire du mal, il faut tout de même que je vous montre ce qui est bien chez eux.

Je dois dire que minces et fins, mes parents sont assez beaux. L'âge ne les dégrade pas. Ils ont la cinquantaine plutôt heureuse côté physique. Mon père adore marcher et il est inscrit dans un club. Il apprécie les exercices de musculation mais là, travaille seul. Ma mère va à la piscine et s'occupe beaucoup des fleurs de son jardin. Tous deux sont instituteurs. Cultivés, ils sont pragmatiques. Ils vont chercher leurs livres à la médiathèque et ont un abonnement pour un cinéma d'art et d'essai. A l'heure d'internet, cela peut faire sourire mais j'apprécie qu'ils soient sélectifs. Vous ne les prendrez pas en flagrant défaut par exemple. Ils n'iront jamais regarder une émission à la télévision juste pour ne pas s'ennuyer. Chez eux, tout doit toujours avoir un sens. Se laisser aller est une marque de faiblesse. Ainsi se promènent-ils beaucoup et cherchent-ils toujours à s'instruire. Je ne peux tout de même pas prétendre que cette attitude est négative !

Autre point positif, la religion. Ni Samuel mon père, ni Jeanne, ma mère ne sont pratiquants, tout juste marquent-ils les fêtes juives traditionnelles et sont-ils fervents de cuisine traditionnelle. C’est par respect pour leurs grands-mères respectives, me disent-ils. A les croire, sans se connaître, d’Alger à Oran, elles rivalisaient déjà. Leur domaine : les pâtisseries au miel et aux amandes, les beignets, les délicatesses pleines de parfums outrageusement orientaux et las dattes, travaillées sous de multiples formes…

J'avoue que je souscris assez à cette façon de respecter les coutumes religieuses léguées par leurs familles sans leur accorder trop d'importance et en les rendant, grâce à ces exquises spécialités, très acceptables !

Enfin, l'Algérie... Deux de mes grands-parents sur quatre sont morts, maintenant. Le traumatisme est moins fort car il ne reste que deux témoins de cette guerre violente et de ce rejet des pieds-noirs. Ceux qui sont encore vivants souffrent encore mais mes parents ont vite compris que nous, les enfants, nous ne devions pas être pris en otages de leurs souffrances.

Grand-père Roger était commerçant là-bas : il avait deux magasins de vêtements. La comptabilité, c’était femme . Ils ont eu quatre enfants. Tous sont vivants mais c'est avec mes parents qu'ils ont eu le plus d'affinités. Ils vivent à Paris dans le même arrondissement que nous. Sa fille aînée, Mariam, a épousé un juif pratiquant deux ans après leur arrivée en France . Ils vivent à Carpentras. La seconde fille, mariée elle-aussi, vit à Salon de Provence. Rose, leur troisième enfant, a voulu être éducatrice spécialisée. Elle s'occupe près d'Angers, d'enfants de migrants. Et la dernière, c'est ma mère !

Donc, comme je vous l'ai dit, mes parents ont tenté de ne pas nous faire vivre par procuration dans un pays où de toute façon, nous n'aurions plus rien à faire. Alors, nous sommes français et fiers de l'être !

Vous me direz qu'avec cela, il n'y a rien de négatif chez eux ! Hélas, si : ils sont terriblement possessifs, mon père surtout et je manque d'espace vital...

 

 

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