Mariée et mère de famille, Louise s'est écartée de Jeanne, sa parente. La naissance d'un nouvelle enfant l'entraîne à la recontacter...
Comme j'étais enceinte de notre seconde fille et montrais des signes de fatigue, Thierry, mon mari, me suggéra de téléphoner à Jeanne pour lui annoncer la bonne nouvelle. Je le fis. Elle éclata en imprécations. Je la laissais seule avec la terrible Olga. J'en paierais le prix ! Comme elle me rappelait pour m'invectiver, mon mari s'interposa. Quand il eut raccroché, il me dit que ma tante divaguait, n'avait plus toute sa tête et me conseilla d'être prudente. Il n'était pas normal qu'une femme, certes seule et vieillissante, se décrivit ainsi : hantée et menacée...
Je me rangeai à son avis en coupant les ponts. C'était cruel mais salutaire. Si je ne l'avais pas fait, j'aurais été submergée par l'angoisse de ma cousine. Ne plus la contacter, c'était se débarrasser non d'elle mais d'Olga...
Après Sophie, naquit Élise. Je me dis, en envoyant un faire part à Jeanne, que j'avais été très égoïste. Peut-être avait-elle besoin d'une aide que j'étais seule à pouvoir lui apporter ! Dès qu'elle me répondrait, je ferais un pas vers elle. Elle ne me répondit pas.
Quand vint le baptême de notre fille cadette, je fus tellement prise de remords que je cherchais à la contacter. J'appris qu' elle était depuis quelques temps « hospitalisée » dans un hôpital aux caractéristiques bien spécifiques.. Je préfère en rester à ce terme pudique. Elle avait perdu contact avec le monde et ne recevais pas de visite. C'était préférable car après avoir été très apathique, elle se montrait violente en propos et en attitude. Je tentai de nouveau de lui écrire. Elle ne répondit pas. Par contre, je fus avisée de sa mort. Contactant un psychiatre, je réussis à savoir qu'elle répétait un prénom de façon obsessionnelle et l'avait fait jusqu'à son dernier souffle. Elle disait « Olga »...