Louise, brillante instrumentiste, apprend que Jeanne, la parente qui l'a beaucoup soutenue, est psychiquement malade. Est-ce la folie?
Quelques mois plus tard, Jeanne m'envoya d'inquiétants courriers. Elle avait réussi à se documenter sur Olga grâce à cet antiquaire qui lui avait vendu les portraits. Il avait en sa possession un programme des Ballets russes où figurait le nom de la danseuse russe et des lettres de sa main, qui dataient d'après l'effondrement de son mariage français. Elle avait bien sûr, fait l'acquisition de ses lettres qui lui en avaient beaucoup appris sur la duplicité d'Olga ! N'avait-elle pas eu un enfant avec un ex-danseur qui ne voulait d'elle que de l'argent ? N'ayant pas encore compris qu'elle se faisait manœuvrer, elle se répandait en propos fielleux sur son ex-belle famille et jetait l'anathème sur quiconque chercherait à embrasser une profession artistique que ce soit de son vivant ou dans le futur ! J'avais fait le conservatoire, j'étais pianiste ! Ma pauvre cousine voyait en moi une cible rêvée !
Je restais prudente. D'où pouvaient sortir ces lettres et ces allégations ? Je cherchai un temps l'antiquaire parisien qui lui avait fait faire de tels achats, mais ne le trouvais pas à l'adresse qu'elle me donna. J'en essayai une nouvelle sans succès.
Jeanne croyait dur comme fer à mon malheur à venir et commençait à dépérir. La fin tragique d'Olga, morte brutalement et dans le dénuement, l'accablait. Elle sentait en elle un grand désir de vengeance !
Ne me résolvant pas à la laisser à ses délires, comme le suggérait mon chef d'orchestre de mari, je la revis de temps en temps sans réussir à la rassurer. Elle me fit peur. Elle ne faisait plus que rêver d'Olga. Celle-ci lui apparaissait constamment. C'était un terrible fardeau ! Je ne fus pas si incrédule. Un processus de folie s'amorçait. Peut-être serais-je menacée ? Cette éventualité m'apparaissant fatale, je pris de grandes distances avec cette femme qui m'avait tant aidée. Je n'allais plus la voir, n'écrivis plus et devins lointaine...
