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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
10 juin 2023

Sylvie , l'Emerveillante.(2) Elle a dit...

 

Sylvie-Guillem-digital

J’ai hérité d’un corps doté d’une grande souplesse et de proportions correspondant à l’esthétisme de la danse. J’avais de longues jambes fines, de la force dans les chevilles et des pieds tordus. Ils paraissaient anormaux. Un médecin m’a demandé un jour si j’avais eu un accident. Mais cette petite bosse au-dessus du pied, plus communément appelée le cou-de-pied, est un critère esthétique essentiel pour les danseuses classiques. J’avais 11 ans et Claude Bessy, grande directrice de l’école de danse de l’Opéra de Paris a vite remarqué ces prédispositions physiques. Avec l’équipe de France de gymnastique, je préparais la présélection des jeux Olympiques de Moscou à l’Institut national du sport du bois de Vincennes. Pour parfaire cet entraînement et gagner en féminité, nous avions trois cours de danse classique par semaine. Claude Bessy m’a proposé de faire partie du spectacle de fin d’année de l’Opéra, et par la suite d’intégrer l’école de danse.

 

J’ai toujours été très tactile. En danse, nous nous touchons sans cesse, la taille ou les fesses, de façon technique. Dans certains portés, nous sommes assis pleinement sur les mains de notre partenaire. Assez vite, la pudeur disparaît… Adolescente et jeune adulte, j’étais contente du corps que l’on m’avait offert et de sa souplesse musculaire hors norme. Je m’amusais avec lui.

SGGGG

 

J’avais un plaisir fou. Je dansais de manière instinctive. Avant un spectacle, j’avais peur, puis j’entrais en scène et tout se passait bien. Une fois le rideau retombé, j’étais heureuse d’entendre résonner les applaudissements. Parfois même, en représentation, j’atteignais la plénitude, un état aussi incontrôlable que fragile, un autre espace temps avec l’impression de se voir danser en temps réel.

 

Curieusement, les danseurs ne respirent pas. Ils sont en apnée. De ce fait, il m’a fallu du temps pour situer la respiration de la méditation. De plus, la danse m’a appris à laisser parler mes instincts. Au contraire, en pleine conscience, vous essayez de dompter vos paniques, vos pensées, vos doutes en vue d’atteindre la paix, améliorer votre relation aux autres. Tout ce qui vous tracasse et rend votre esprit bavard, vous l’évacuez pour être plus présent.

Regarde le MONDE

 

La décision  d'arrêter la danse en 2015 a été aussi difficile à prendre qu’à accepter. Je l’ai vécue comme un grand choc. Toute ma vie a été centrée autour de la danse. C’est seulement lorsque je me suis arrêtée que je me suis aperçu du travail physique que j’avais fourni. Hors de question de tout stopper. Je me suis tournée vers des disciplines sportives, certaines liées à des philosophies qui m’intéressaient comme le tir à l’arc ou d’autres comme le kick-boxing pour me défouler.

Aujourd’hui, je fais une barre par jour (avant, je détestais cela) et cela contribue à mon équilibre mental et physique. La barre est proche d’une discipline méditative. Les exercices permettent de chauffer les muscles, de dénouer les tensions mais aussi de se concentrer. En arrêtant, je n’ai pas pris un gramme. Je fais toujours 52 kg. Simplement, j’ai perdu des muscles et gagné un peu de graisse.

 

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