lunaire

Croyant l'avoir perdu pour toujours, Webster fit une longue dépression dont il sortit épuisé. Il se remit tout de même à écrire et resta à Brooklyn dans ce même appartement qui contribuait désormais à construire son imagerie personnelle. Il était souvent interviewé et pris en photo, affichant sa provocante solitude. Le cinéma lui demandant un travail d'équipe, il finit par s'en écarter. Peu de gens autour de lui ayant connu Niels, il cessa d'en parler à quiconque. Mais il chercha son double dans des étreintes passagères qu'il tenait secrètes.

Irène resta dans le Var où, vivant une existence de recluse, elle accepta de donner de temps en temps des concerts qui restèrent dans les mémoires. Très paisible, elle était aimée de son entourage et des siens qui venaient la voir. Elle avait fait encadrer les photos de leur rencontre à Cotignac et les gardait sur son bureau, à côté d'un grand bouquet de fleurs. Elle ne doutait jamais qu'il était vivant.

Dans le temps même où Irène, en France, trouvait les chemins de la guérison, Daniel Webster continuait de tracer sa route comme écrivain. Sean Forsythe, le privé qui était au centre de ses deux derniers romans, en était la preuve. La quarantaine bien portée, Sean gérait des affaires délicates, de celles qu'on accepte difficilement car les grosses sommes promises par ceux qui veulent vous les confier ne vous arrivent qu'en cas de réussite...