Irène, en convalescence, découvre l'univers romanesque de Daniel Webster. Elle ignore bien sûr les liens qui existent entre l'écrivain et Niels, le danseur qui l'a tant marquée.
Quant à l'autre roman, elle le trouva très bien écrit mais étouffant. Il fallait avoir de l'audace pour faire passer la guérison du jeune héros par l'abondance de rapports sexuels qu'il avait avec son thérapeute. Tout le texte reposait sur l'enfermement et la frénésie érotique. La nuit était omniprésente. Irène admira le travail du romancier mais resta critique sur la tonalité strictement homosexuelle de l'univers décrit et sur la misogynie qui le sous-tendait...
Sur chacun des livres, figurait une photo de l'auteur. Assez bel homme, ce Webster, mais personnage singulier. Gay à l'évidence mais traçant se route seul. Respecté comme écrivain mais apparemment peu mondain...Intriguée, elle chercha à en savoir plus sur lui. Il écrivait depuis longtemps et cultivait le mystère autour de sa personne. Il avait une sœur nommée Diane, qui était peintre. Irène se renseigna sur elle-aussi. Douée. Univers étrange mais très construit. Elle peignait des villes ou des personnages se promenaient nus. Ils avaient des têtes d'animaux. Elle venait de réaliser une série de portraits où elle reprenait cette dualité. Cette fois, la personne était représentée avec un tête d'animal mais un buste humain. Dans ses bras, elle tenait sa tête humaine. Curieuse démarche. Une douzaine de portraits étaient présentés. Irène les passa en revue. Le dixième représentait un jeune homme torse nu doté d'une tête de faucon. Son visage au teint pâle, aux grands yeux gris-bleu et à la chevelure blonde et bouclé, était d'une beauté troublante. C'était celui de Niels Lindhardt.
Niels...Celui qui s'appelait Raphaël au début. Dieu guérit.
C'était un portrait qui datait de trois ans. Ainsi, le danseur était aux États-Unis et connaissait la sœur de l'écrivain. En poursuivant ses investigations, elle finit par tomber sur une photo où Niels posait entre Diane et Daniel Webster. Une fête quelconque à Albany, dans l'état de New York, il y avait déjà plusieurs années. Le danseur avait l'air fatigué, presque anémié. L'encadrant, les deux Américains portaient beaux et paraissaient presque arrogants...
Des carnassiers...