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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
20 décembre 2023

La Nuit de L'Envol. Partie 1. Deux mariages manqués.

mariAAAAAAAAAAAA

Au bout de quatorze ans, l'un et l'autre étaient à bout. Quoiqu'il fasse, Bruno n'avait plus de poids artistique dans la carrière d'Irène Diavelli. Il était parallèle à elle, ce qui le jetait dans une rage folle et le rendait verbalement violent. Il refusait pourtant le divorce, son argument majeur étant l'enfant. Ils avaient eu un fils, qui n'était guère alors qu'un garçonnet de dizaine d'années portant le prénom intemporel de Pierre. Toutefois, au bout du compte, il avait fini par jeter l'éponge. Pierre, alors âgé de quinze ans, avait d'abord été confié à sa mère mais à dix-huit, il devenait majeur et donc capable de choisir par lui-même ce qui était le meilleur pour lui. Lui-aussi avait des dons mais les siens étaient liés au chant. Quittant Paris, il était parti à Berlin où son père vivait désormais. Souvent, au début du moins, il avait appelé sa mère et pris le train ou l'avion pour venir la voir. Puis, il avait été diplômé et avait commencé sa carrière de baryton. C'était un jeune homme au beau physique et à la voix à la fois solide et pleine de nuances. Elle le savait, il visait des engagements sur de très grandes scènes. Confiante, elle savait qu'il les obtiendrait. Pour l'instant, Bruno, son père, lui servait d'impresario. Ce fait qui aurait pu déprimer Irène la galvanisait. Bruno n'avait pu réaliser son rêve avec elle; avec leur fils, il le ferait. Un jour prochain, Pierre aurait un premier rôle à l'Opéra de Paris, à Covent Garden ou encore au Metropolitan de New York...Elle prendrait l'avio

Depuis longtemps déjà, Irène avait relativisé les effets négatifs de sa rupture avec son premier mari. Il s'était montré vindicatif et de mauvaise foi jusqu'au bout et lui en avait voulu des années durant, certes, mais elle avait trouvé des compensations. Elle faisait des tournées avec les groupes auxquels elle appartenait et ces voyages feutraient sa douleur. Sa sœur, restée à Paris, gardait Pierre. Et puis, quand le divorce avait été effectif, elle se déplaçait souvent, ayant la sensation que, fugacement, ce feu qui était devenu si ténu en elle, redevenait violent. Il y avait des soirs où Chopin lui appartenait. Chez elle, elle jouait les Ballades du maître polonais, la première surtout et restait ensuite en silence, immobile, partagée entre cet appel discret à la souffrance et une sensation de bonheur qui la laissait ravie.

Et son second mari était tellement gentil ! Pourtant, il était parti lui-aussi et il y avait eu ces leçons à Paris, ces listes d'attente rassurantes...Elle n'avait pas tout perdu, au contraire. La musique sous tendait toujours sa vie, non ? Il aurait pu en être ainsi des années encore mais tout d'un coup, l'idée de préparer de jeunes pianistes à des concours difficiles avait cessé de lui plaire.

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