Le sentant lointain, Julian l’invita à dîner chez lui.

-Tu veux du vin ?

-Oui.

-Français, américain, sud-africain ?

-Français.

La viande était délicieuse, le Bordeaux racé. Quand ils eurent terminé, Julian joua la carte de la séduction. Il entreprit Erik mais celui-ci le repoussa gentiment. Il gardait un beau corps fin que la danse avait sculpté et en cela restait très désirable. Lui, Julian, devait combattre pour rester altier. Il y parvenait à force de gymnastique, de jeûne et de massages, mais le passage du temps le contraignait à une grande vigilance.

-Californie ?

-Oui.

-Tu verras davantage ta fille.

-Oui !

-Ensuite, je sais que tu voudrais partir mais sache que tu peux changer d’avis à tout moment. Tu y réfléchiras ? Tu as ta place ici. Et l’un de nous devait rester, ce serait toi…

-J’y réfléchirai.

-Je sais que tu m’en veux.

-Je m’en veux aussi. Je ne veux pas parler du passé.

-Embrasse-moi, Erik. Ne dis pas non.

-Je ne dis pas non.

Le danseur se leva, contourna la table et alla glisser sa langue dans la bouche de son compagnon.

-Et ensuite…

-Ce ne serait pas une bonne idée.

Quelques jours plus tard, il était dans l’avion. Le tournage allait démarrer. Juste avant qu’il le fasse, le danseur Erik reçut une lettre surprenante. C’était Chloé. Elle insistait pour qu’il reconnaisse Eva et lui donnait la marche à suivre. Ce serait, disait-elle, salutaire pour l’un comme pour l’autre. Au fond, elle avait raison.