Il faisait profil bas soudain. Son visage avait cessé d’être dur. Elle entraperçut en Julian un homme et qui, certain d'avoir enfin trouvé l'être qui lui correspond, est effrayé que celui-ci se soit éloigné de lui et lui ait préféré quelqu’un d’autre. Il connaît la douleur de l’abandon mais il sait que seule la force le tirera d’affaire. Il avait raison : cette force le servait.

Il la salua d’un signe de tête puis se dirigea vers la porte qu’il referma sans la claquer.

C’était clair : il se battait contre elle, il ne la laisserait pas faire et, elle le comprenait, ses armes étaient puissantes. Il n'esquiverait rien et il porterait les coups juste quand il le faudrait, pas sur Erik mais sur elle. Il avait déjà commencé. Heureusement pour elle, il pouvait être maladroit…

Elle se sentit vide puis tenta de se reprendre. Elle se lava, tressa ses cheveux, fit disparaître son ancienne robe puis en mit une autre. Elle se maquilla et se parfuma. Quand Erik revint, éreinté, d’une répétition, il la trouva ravissante.

-Oh tu es belle et cette couleur bleue, c’est flatteur sur toi.

-Barney est venu.

-Ah ? Je devais confirmer pourtant. Bon, vous avez bavardé ?

-Enfin, c’est-à-dire…

Elle se sentait mortifiée. Elle n’avait pas rangé la chemise qui contenait les dessins du danseur dévêtu et les clichés de Williamson.  Il fronça les sourcils.

-Ah, je vois. Il ne s’est pas montré diplomate.

-J’ai été très surprise, un peu désemparée.

-Rien d’autre ?

-Comment ça ?

-Il a crié ?

-Oui, un peu.  Il a laissé tout cela pour toi.

-Les costumes ! Il est doué. Les dessins, aussi. 

-Il est très déplaisant.

-Avec toi, c’est sûr ! Ecoute, je suis tenu par un contrat et tu as cette école. Le film va sortir. New York, ce n’est pas définitif pour moi mais il faut me laisser du temps, ma chérie.

-Demande à travailler sur la côte ouest !

-Je le ferai peut-être mais je te l’ai dit : il faut attendre. Il n’est pas content, je le sais mais malheureusement, je ne peux pas l’éviter. Je ne veux pas me fâcher car les problèmes augmenteront. S’ils nous voient beaucoup ensemble, il fera courir des bruits sur nous : il est bon pour ça. Si tu laisses tout maintenant et retournes chez toi, il sera satisfait ; si tu restes et rates tes examens aussi.  Bats-toi. Tu seras obligée de le voir mais pas très souvent. Je m’arrangerai.

-Comment peux-tu le supporter ?

-Il y a d’autres aspects de sa personnalité…

-Mais même…

-Il est jaloux. Il ne t’aime pas. Voilà tout.

Mais comme elle se mit à sangloter, il dut se rendre à l’évidence. Elle essayait bien de faire face mais cet homme l’effrayait. Il ignorait bien sûr ce qui venait de se passer. Il décida juste de les mettre en présence l’un de l’autre le moins possible et de la rassurer, elle aussi souvent que possible.