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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
18 février 2024

Erik N / Le Danseur. Partie 4. Un diner à New York. Julian et Erik.

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Enfin, Julian revint. Il insista pour qu’Erik et lui se parlent. Il ne voulait pas déjeuner avec lui mais diner. Ce serait plus approprié, selon lui, pour évoquer le film qu’Erik venait de tourner et Kyra Nijinsky. Ils se retrouvèrent dans un restaurant chic de la cinquième avenue, où Julian avait ses habitudes. Arrivé juste avant le jeune homme, il l’accueillit avec surprise.

-Oh Erik, tu es changé ! Plus grave.

-Ce tournage n’a pas été simple. J’aime mieux la scène.

-Je suis sûr que tu es très bien. Champagne ?

-D’emblée ?

-Bien sûr.

Julian était à son avantage, rasé de près, les cheveux bien coupés et l’œil vif ; il portait un costume sur mesure, d’un gris élégant, une belle chemise blanche et une cravate. Erik était bien vêtu lui-aussi et il portait des couleurs claires. Julian, il l’avait remarqué, avait eu une grande respiration quand il s’était installé en face de lui comme si cette entrevue l’émouvait et l’excitait. Le temps que le champagne arrive, le décorateur l’interrogea sur sa programmation. Erik se mit à rire.

-Mais tu la connais ! Du New York City ballet, tu sais tout !

-Bien sûr mais on te donne encore plus de morceaux de bravoure ! Je suis enthousiasmé ! On en parlera, n’est-ce pas ?

-Oui, je te le promets.

Il orienta ensuite la conversation sur son petit ami.

-Paul a voyagé avec moi ; c’est un compagnon agréable. Rien que le fait qu’il se fasse à mon caractère volcanique devrait te le rendre sympathique…

Erik rit de nouveau. Julian reprit :

-Et ta compagne ?

-New York est difficile pour elle, cette école surtout. On la regarde de haut car elle est boursière.

-Elle n’a choisi pas d’étudier dans un lieu très clément, mais le niveau est élevé ; si elle réussit, des portes s’ouvriront. Sinon, sa bourse suffit ?

-Je l’aide.

-Ses résultats ?

-Elle a un bon niveau.

-Bon, ça la rend crédible ; malheureusement, elle est boursière et elle est mise à l’écart. On l’acceptera davantage si elle travaille à droite et à gauche, et surtout si elle ne le fait pas pour n’importe qui. Elle aime dessiner pour les enfants ? Les adolescents ?

-Oui, je crois.

-Tu ne sais pas si elle aimerait illustrer Alice au pays des merveilles ou Charlie et la chocolaterie. Ce peut être aussi un roman de héroïc fantasy. L’éventail est large.

-Elle m’a dit qu’elle a tout un carnet de dessins fées et de créatures hybrides ; mais elle ne fait que s’amuser…

-Il faut que je voie son travail. S’il est bon, comme je le pense, elle peut avoir un carnet de commandes auprès d’éditeurs chevronnés. Je peux la recommander. La donne serait changée. Je peux la recommander…

-Ah ! Il faut d’abord que je lui pose la question.

Julian lui décocha un regard sagace.

-Erik, pose-la-lui. Ah, le champagne !

Ils levèrent l’un et l’autre leur verre. Les yeux de Julian brillaient. Il ne quittait pas Erik des yeux.

-Le carnet est toujours avec toi ?

-Bien sûr.

-Il faut que je le voie…

-Tu le verras.

Le danseur ne parla pas des photos de Nijinsky qui devaient, selon lui, rester secrètes. Il interrogea Julian sur les étapes de son voyage et celui-ci lui fit de belles descriptions exotiques d’Istamboul et des temples grecs. Après quoi, il redevint pragmatique :

-Bon, sinon, que manges-tu ?

-Je ne sais pas.

Erik ne faisant aucun choix rapide, Julian décida pour lui. IL connaissait sa frugalité. Un tournedos, de la salade, un dessert léger. Pour lui-même, il fit des choix plus roboratifs.

-Vestris alors ?

-Oui mais il y encore des hésitations.

-C’est stupide ! Je serai au premier rang. Elle-aussi, d’ailleurs…

-C’est une rencontre récente. Nous avons une belle relation. J'ai aimé Sonia. Il y a eu Jane. Pour la première, ce n’était que du désir de sa part, elle était très matérialiste. La seconde avait la quarantaine. J’ai été pour elle une brève rencontre romantique. C’était beaucoup plus beau mais ça ne pouvait être que passager. Là, c’est différent.

-C’est parfait !

 

 

 

 

 

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