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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
18 février 2024

Erik N / Le Danseur. Partie 4. Retrouver la vie new yorkaise.

grands yeux

 

1. Retour.

Après le tournage du "Danseur" en Californie, Erik revient à New York et Chloe l'y rejoint. Tout doit se mettre en place

Dès qu’il fut de retour, Erik retrouva ses amis qui le fêtèrent et il récupéra aussi Isabel, sa chatte affectueuse et craintive. Tous deux réintègrent le beau loft qui donnait le sentiment d’être plus près du ciel que de la terre. Julian était parti en Grèce et en Turquie avec sa nouvelle conquête, aussi le danseur n’eut-il pas à se confronter à lui. Il attendait Chloé, son amoureuse, de pied ferme. Elle allait intégrer la New York Academy of Art et il savait qu’elle aurait besoin de soutien. C’était une école élitiste et très chère. Il mobilisa ses amis pour lui trouver un logement. Une solution bancale s’offrit : une chambre chez la mère d’un danseur, dans la cinquante-septième, prêt de l’hôpital du Mont Sinaï. Elle permettrait à la jeune femme de se poser et de pas être seule quand Erik ne pourrait être avec elle. Si tout allait bien, il vivrait ensuite avec elle car elle s’engageait sur une formation de deux ans. A peine eut-il réglé ce problème qu’arrivèrent pour deux semaines ses parents et Marianne, le plus jeune de ses sœurs. Svend avait toujours été distant avec son unique fils mais les efforts conjugués de sa mère et de sa sœur portèrent leurs fruits. Ce fut un bon séjour. On se promena beaucoup. Marianne, qui ne voyait pas décoller sa carrière de comédienne et s’en attristait, adorait ce frère si beau et si brillant. Elle était l’affût de confidences de sa part : il lui dit attendre la sortie de son film avec impatience et avoir rencontré une belle californienne qu’il lui présenterait.

Sa vie professionnelle avait repris et il s’était, dès l’abord, senti en léger décalage. Il retrouvait pourtant un univers connu de lui. Était-ce le film qui, avant même d’être sorti, le mettait à distance des autres ? Sans doute. On lui confia d’emblée, pour la saison qui s’ouvrait, une série de ballets difficiles. Il commencerait par un solo de trente-cinq minutes dont le thème était la recherche de la beauté et serait dirigé par un chorégraphe invité. Ce serait un temps fort pour la compagnie mais la chorégraphie était semée d’embuches. Il interviendrait ensuite sur une sélection de pas de deux célèbres et apprit qu'il ne quitterait pas la scène alors que ses partenaires féminines varieraient. De nouveau, c'était un chorégraphe invité. Il devrait ensuite danser Valse Fantaisie, une chorégraphie de Balanchine qui datait de 1967 et autre qui datait de 1975, Pavane. Enfin, Peter Martins lui donnait Black and White. C’était là un univers qui lui était plus familier, toutefois, il nota que pour ce dernier ballet, ils étaient deux en scène. C'était tout à la fois un couronnement et une mise à l'épreuve. S’il voulait durer au sein de cette compagnie, il devait relever le défi. Peter Martins ne semblait pas inquiet. Erik était perfectionniste ; il ne laisserait rien au hasard, d’autant que, pour finir, il lui confiait la Gavotte de Vestris, l’un de ces morceaux du répertoire que beaucoup de danseurs préféraient contourner…

Comme prévu, Chloé fit son apparition. Il alla la chercher à l’aéroport, la logea chez lui au départ puis lui montra le studio qu’il avait trouvé pour elle ; ravie de découvrir New York avec son amoureux, elle déchanta dès qu’elle commença les cours.

-Je suis diplômée de l'Académie de l'Art figuratif à Los Angeles. Tout n’a pas été simple mais cette école des Arts visuels de New est terrible. Elle permet d’obtenir un diplôme prestigieux, c’est certain, mais quelle ambiance détestable ! Erik, les étudiants sont aisés et je ne le suis pas. Ils viennent tous de la côte est, pas moi. De plus, pas mal d’étudiants font mine de courir après moi, mais c’est un jeu. Ils peuvent être grossiers ; ils me questionnent sur le type de lingerie que je porte. Si jamais j’acceptais un rendez-vous, ils me parleraient d’argent. Ils me dédommageraient car avec moi, le sexe se monnaye. C’est humiliant.

-Tu ne t’y attendais pas ?

-Pas à ce point-là ; je pensais qu’ils seraient méprisants et éviteraient de me parler et pas qu’ils seraient après moi, comme ça…

-Il faut que tu résistes. Tu veux réussir comme artiste ?

-Bien sûr.

-Alors, fais face.

 

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