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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
26 mars 2024

Erik N / Le Danseur. Partie 3. L'Aveu d'une attirance.

Wegwood se voulut rassurant. L'attitude de ce danseur prêtait à confusion puisqu’il paraissait tantôt embarrassé, tantôt détaché mais il était encore très jeune et n’avait jamais tourné de film.

-Tu n’es pas seul, on te soutient, tu vois. Alors qu’y a- t-il ? Tu sembles fragile tout d’un coup.

Erik, qui se surprit lui-même, entra brusquement dans le domaine des confidences.

-Je viens d’avoir une aventure avec une fille. Elle est belle, solaire, je voudrais l’aimer. Ce serait facile avec elle.

Wegwood sourit :

-Ah mais c’est très bien !

-Mais à New York, j’ai eu une liaison compliquée avec un homme.

-Elle est terminée ?

-Oui.

-Eh bien, alors ?

-Je ne sais pas trop…

-Indépendamment de ton art mais à cause de lui aussi, tu es très attirant. Je ne pense pas que ça mette autrui en danger sauf si on se trompe sur toi et qu’on confonde amour et captation. Moi, j’ai eu quelques errances puis j’ai trouvé une femme avec qui je partage beaucoup. Nous avons deux enfants. Je me suis ancré et ça me convient. Que tu attires un homme mûr ne me surprend pas. Je ne sais pas ce que tu as vécu avec lui et ça ne me regarde pas. Mais tu es jeune et en devenir : ta californienne bien faite pourrait te permettre d’être plus solide. Tu ne peux pas le savoir pour l’instant et tu ne le sauras que si tu persévères, et elle-aussi. Mais crois-moi, on peut vraiment s’épanouir avec une femme !

-Elle est très jolie. Je ne m’attendais pas….

-Tu es beau, ce n’est pas rien. Pour le reste, tu fascines les spectateurs ; tu as été choisi pour cela. Ce film peut te faire grandir, d’apprendre à accepter l’épreuve et en sortir vainqueur. Tu es face à un danseur russe qui a marqué l’histoire de la danse. Vis cela comme une exception étincelante dans l’ordinaire de ta vie enchantée !

Suffoqué, Erik regarda le chorégraphe avec curiosité.

-J’ai la force ?

-J’en suis certain ! Tu sais ce qui me fait dire ça ?  Le fait qu’un homme ou une femme puisse t’aimer mais qu’à mon sens, une femme est préférable pour toi ? C’est ce que tu es quand tu t’entraînes chaque jour et que je te vois à la barre avec les autres danseurs. Vous faites les mêmes gestes : la jambe sur la barre, le buste penché, le mouvement des bras. Les figures debout. Vous cherchez de temps en temps leurs images dans le miroir et poursuivaient. Le mouvement, la grâce, le travail. L'équilibre, le travail, la grâce. Encore. Vous vous se penchez, vous tournez sur eux-mêmes, vous sautez et vous retombez et vous recommencez Encore. Bras levés, jambes croisées, élan, saut. Encore. Tu es tout entier dans ce que tu fais et si on t’observe, on voit à quel point tu es gracieux et habité. Tu sais, je pense à un texte de la romancière française Françoise Sagan sur la danse. Elle évoque Rudolph Noureev et le texte est au singulier mais je vais le mettre au pluriel. Ça dit ceci : « Ces hommes et ces femmes à demi- nus dans leurs collants, solitaires et beaux, dressés sur la pointe de leurs pieds, et regardant dans un miroir terni, d'un regard méfiant et émerveillé, le reflet de leur Art." Toi, tu cherches ton image, on te voit la capter et je crois que ça peut rendre très amoureux un homme qui est très esthète ou une belle jeune femme ; mais crois-moi, essaie avec elle…

Erik sourit et fit oui de la tête.

Revoir Chloé était impératif car bientôt, on quitterait Corona del Mar pour Los Angeles où tout serait plus compliqué. Erik appela la jeune fille à plusieurs reprises et réussit à la convaincre. Il la verrait dans un petit hôtel, ne voulant pas lui imposer les autres. Elle le rejoignit et le charma. Elle portait une robe verte, légère, aux fines bretelles. Il la trouva conquérante et se soumit à elle avec bonheur.

-Retire tes vêtements.

Quand il le fit, elle l'observa. Elle regarda le torse à la respiration un peu hachée, les hanches étroites, la peau plus claire qui lui succédait, les jambes musclées et il lui envoya un regard approbateur.

-J'ai attendu ce moment, tu sais.

-Moi-aussi. Tu gardes ta robe ?

-Non !

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