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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
7 avril 2024

Erik N / Le Danseur. Partie 2. Else, belle et directe.

 

Une autre fois, elle lui dit :

-Je viens de te voir danser Erik : tu ne peux pas faire moins bien que ce que tu fais car ils ne te le pardonneraient pas !

-Je sais.

-Moi, je ne savais pas que tu leur faisais cet effet ! Le public et toi ! Tu as beaucoup de chances mais tu dois toujours être en équilibre…

-Tu es une magnifique cover-girl. Les grands photographes de mode te recherchent. Je t’ai vu en couverture de Vogue, entre autres…

-Ça n’a rien à voir ! Moi, j’ai un travail qui ne dure pas. J'ai eu de très bons contrats et j’en ai encore quelques- uns mais je suis déjà à l’âge de la reconversion…. Tu sais, Je voudrais acheter une maison dans le nord du Danemark et un appartement à Copenhague. Bientôt, je vendrai de la lingerie fine très chic. Je crée déjà des modèles. C'est un job lucratif. Toi, la donne n'est pas la même ! C'est une vraie discipline et la compétition est permanente. Et ces compositeurs, ces musiciens, ces chorégraphes, ces décorateurs !  Combien de ballets déjà montrés, combien d'artistes déjà encensés...On vous demande tant !

-C'est beaucoup de travail mais je gagne aussi de l'argent.

-C'est bien, petit frère ! Fais comme moi : achète des biens !

Else ne demanda rien sur sa vie et ses amours. Il lui en fut gré. Elle était insouciante, belle. Quand il la voyait boire un thé chaud, Isabel la regardant avec adoration, lui aussi l'admirait. Elle était légère dans sa vie. Il demanda des nouvelles de Marianne mais elles ne furent pas bonnes. Sa carrière de comédienne ne décollait pas. Elle s'était fâchée avec Kirsten et leur père, n'était pas très agréable avec leur mère, restait courtoise avec elle et évitait de parler de lui, Erik car la réussite de ce jeune frère si doué la complexait. Il ne commenta pas. Il connaissait mal Marianne. Il préférait Else, de toute façon. Quand elle quitta les USA, elle dit :

-Je pense travailler en Allemagne et si tout se passe comme je le souhaite, je le ferai sous peu. En fait, je suis amoureuse d’un berlinois et c’est peut-être là-bas que j’aurai mes maisons ! Toi, tu ne sais pas trop si tu vas encore passer années ici ou si tu vas revenir au Danemark. En tout cas, viens à Berlin car c’est vers cette ville que je me dirige !

-Je te le promets.

En dehors de ces deux visites, il trouva que le temps s’étirait. Son réalisateur lui ayant affirmé que le film était réellement financé et que le producteur avait chair et os, il rongea son frein. Puis, il fut libre. Il avait dansé le Spectre de la Rose, Jeux et était programmé dans d'autres spectacles. Tout était bien. Quand il le salua, Peter Martins eut l'air surpris :

-Un film aux USA ? Vous ne seriez pas le premier danseur classique, ceci dit.

-Nijinsky. Disons que ce sera la base.

-Un film sur Nijinsky ? Herbert Ross en a tourné un en 1980. Vous l'avez vu, sans doute ?

 -Oui, je l'ai vu.

 -Un travail de maître et une belle reconstitution avec pour ce qui est du monde de la danse, quelques réserves. C'était très esthétique mais, pour ce qui est de la vie de Nijinsky, assez elliptique et parfois faux. C'est un remake ?

 -Non, pas du tout. Il y aurait un film dans le film. Un danseur qui est amené à tourner sur Nijinsky et est comme aspiré.

-Plutôt expérimental, alors ?

-Si vous voulez. Sa fille aînée interviendrait.

-Kyra Nijinsky vit en Californie : le film s'appuiera sur elle ?

-Oui.

Peter Martins parut intéressé :

-Ce sera entre fiction et documentaire. Avec de la danse, beaucoup, j’imagine…  Le projet peut être excellent et vous, ça, je comprends. Vous avez dansé le Sacre et le Spectre de la rose, ici. Christopher Wegwood est sur le navire aussi, à ce que j'entends. Il n'a fait qu'un an ici et je conçois qu'il ait d'autres projets. Il est brillant. Ce que je ne comprends pas, c'est qui fait le film !

-Nicolas Mills.

-Erik, je ne sais pas qui il est !

-Il a fait une école de cinéma en Californie ; il a fait de la pub, beaucoup de télé. C'est son premier film. Il en fera d'autres. Je veux le faire. Il faut vivre ses rêves ! Han skal leve sin ves r!

Pour la première fois en trois ans, le directeur artistique lui adressa un sourire chaleureux et complice avant de lui dire en danois.

-Han skal leve sin ves r!

Puis, il ajouta :

-Ce film est déjà financé, bien sûr ?

-Bien sûr.

-Held og lykke !

-Held og lykke

Il lui souhaitait bonne chance. En obtenant son congé, le danseur était ravi. Il allait prendre l'avion pour Los Angeles, non sans avoir promis à des amis de les loger dans son loft après son départ et avoir confié à une Jennifer maussade une Isabel très turbulente. Dès lors, tout serait différent pour lui…

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