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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
21 février 2024

Erik N/ Le Danseur. Partie 3. Le danseur et le grand photographes. Vérité et mensonge.

ROB ROB ROB

 

Le lendemain, Rob lui montra de nombreuses épreuves et quelques tirages. Le noir et blanc magnifiait le visage d'Erik et, réellement, c'était de magnifiques photos. Quant aux autres où il était nu, elles n'étaient jamais crues mais restaient provocantes. Ce corps dans l'abandon se voilait et se dévoilait par le travail des ombres. Cette réticence n'en était pas une. Deux photos troublèrent violemment le jeune homme : sur l'une d'elle, il était allongé. Son torse apparaissait lisse mais ses tétons pointaient. Sa main reposait sur une de ses cuisses. Une de ses jambes était écartée. Son autre main semblait vouloir rejoindre son sexe au repos. C'était une image silencieuse, impudique et en même temps rassurante : la promesse d'un bel auto érotisme. L'autre était celle où il était assis, les jambes en tailleur, sur le sofa. On voyait cette fois son beau visage et son regard à l'expression conquérante. Les mains étaient sages mais la raideur naissante du sexe se devinait sous les jambes repliées.

-Vous aimez ?

-Monsieur Williamson, ces portraits sont absolument magnifiques. Me les vendez-vous ?

-Ils sont pour vous. Je vous les donne. Juste ces deux-là.

-Mais les négatifs ?

-Je n’en ferai sans rien votre accord.

-Vous l’avez.

-Bon, je les expose !

-Mais il me faut des exemplaires de ces photos.

-Je vous contacterai à New York et je vous donnerai mon prix. Ou mieux, je vous verrai là-bas. J’y expose souvent.

-Merci. C’est un travail magnifique.

-Vous pourriez ajouter « Rob » à la fin de votre phrase.

-Je vous suis reconnaissant, Rob.

Comme Erik désirait partir et s’apprêtait à le saluer, le photographe le retint par le bras.

-Qui aimez-vous ?

-Une Californienne que j’ai rencontrée il y a peu.

-Vous êtes bisexuel, Erik, et à ce stade de votre histoire, Vous voulez une femme à aimer et surtout vous voulez une femme qui vous aime ! Il vous manque la douceur et vous pensez l’avoir trouvée auprès d’elle.

Erik soupira. Il ne voulait pas froisser qui avait fait de lui de si belles photos et se révélait être un vrai artiste mais ces propos sur lui le mettait mal à l’aise. Williamson poursuivit, imperturbable.

-En fait, vous avez besoin d’un guide dont vous admirez la force. Il y a bien eu un homme qui pouvait jouer ce rôle-là mais comme souvent font souvent les êtres comme vous qui sont ambivalents, vous avez accepté son emprise puis l’avait jugée insupportable. Pourtant, vous avez besoin de lui. Il sera sur votre route et contrairement à ce que craignez, il vous aidera.

-Et pas elle ? Qu’en savez-vous ?

-Je lis en vous et croyez-moi, ça me donne envie d’aller plus loin. Vous accepteriez une étreinte, j’en serais heureux ; mais vous ne pensez qu’à elle en ce moment ; pourtant, vous verrez que j’ai raison. Cet homme que vous prenez pour un prédateur vous aime ; il respecte le danseur et le jeune homme à la tête bien faite. Il est le témoin de votre jeunesse et de votre art.

Le danseur eut un sourire ambigu :

-Ma nature, vous la connaissez ? Et son rôle à lui est-il si clair ?

-Mais j'observe...

-L'amour a bien des formes mais certaines sont préférables à d’autres. Je l’aime, elle.

Rob sourit doucement :

-Certainement…

-Je veux me promener dans la ville. Je vous laisse.

-Combien de jours à San Francisco encore ?

-Quarante-huit. A peine. Après demain, j’ai mon avion.

Le photographe changea de ton.

-Je t’attendrai ici demain. Tu viendras t’allonger près de moi et je t’embrasserai. Tu ne lui ressembles pas, personne ne le peut. Mais tu sais émouvoir et il est à la fois évident et douloureux de te désirer. Je laisserai des consignes à la porte. Un petit message sous le gros galet bleu. Tu me rejoindras.

-Vous rêvez, Rob.

-Eveillé.

Toutefois, après avoir hésité, il revint voir le photographe, obéit au rituel suggéré, entra dans sa maison, le rejoignit dans sa chambre où il trouva nu sous un drap.

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