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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
20 mars 2024

Erik N / Le Danseur. Partie 3. Erik en tournage. Chloé plus proche.

L’américain le rassura encore puis le salua. Le tournage se poursuivait plus calmement. Erik vit régulièrement Chloé et l’informa de l’acceptation de Julian, cet ami qui saurait lui dire si elle avait un niveau suffisant pour briguer une école très pointue. Elle parut contente.

-Oh ! Je vais lui envoyer ce qu’il faut.

Puis, elle lui parla à nouveau des portraits qu’elle pourrait faire de lui.

-Il suffirait que tu poses en jeune homme ou en danseur et je me mettrais au travail aussitôt. Tu pourrais avoir tes exigences et on en parlerait. Je voudrais te montrer que je peux te voir différemment. Je voudrais que tu acceptes.

Il parut ravi et son regard devint plus brillant.

-C'est une très bonne idée ! Je veux que ce soit une commande ! Montre- moi quelles techniques tu peux utiliser...

 Dans les yeux bleus de celui qu'elle aimait, elle trouva une confiance nouvelle, une image plus ferme, plus digne de respect de lui et d'elle-même et se sentit heureuse.

-Sanguine et sépia pour le premier, ça te va ?

-Et fusain pour l'autre ? Je suis d'accord.

Il lui dit qu'il avait toute confiance et il avait raison. Ils choisirent le jardin intérieur d’un hôtel élégant et se mit au travail. Elle lui dit de ne pas sourire, de se tenir droit et de pencher légèrement la tête sur le côté gauche. Il portait un t-shirt noir à col en v et un jean de même teinte. Il paraissait très jeune. Prenant Chloé au sérieux, il ne l'interrompit pas tandis qu'elle travaillait au fusain. Quand elle eut fini, il se pencha et la regarda avec curiosité :

-Je peux voir mon portrait ?

-Non. Je vais faire un autre dessin de toi dans le studio que tu occupes pendant le tournage.

-D’accord.

Ils se rejoignirent le jour suivant mais elle ne fut pas d’accord avec le pull fin qu’il avait choisi.

Tu veux bien te changer, mettre une chemise blanche ?

Il se leva et, lui tournant le dos, il retira son pull. Elle vit son dos, ce dos de danseur, musclé et large, et elle se sentit bouleversée ; complètement dominée par cette émotion intense qui est le corollaire de l'amour. Quand il se retourna et boutonna sa chemise blanche, son trouble était si vif qu'elle fût certaine qu'il le voyait. Son regard bleu brillait. Toutefois, il n'avança pas vers elle pour l’embrasser et la rassurer, ce qu'elle n’aurait jamais empêché mais se rassit. S'il avait fait autrement, elle se serait jetée dans ses bras. Elle le dessina en buste ; c'était une sanguine. Elle travaillait cette fois sur de plus grandes dimensions. Elle était concentrée mais sentait ses regards. Elle portait une jupe longue, un corsage ajusté torsadé et ses cheveux étaient retenus par des pinces. Il la trouvait belle, elle le sentait. Comme elle travaillait en silence, elle se laissa ravir par son silence et l'expression à la fois attentive et intriguée de son regard et par la sensualité qui émanait de sa belle bouche ourlée, de ses épaules, de son torse. Il ne devait jamais s'abandonner à un mouvement quelconque, commun car la danse avait travaillé toute sa personne, de sa nuque à ses mains et de son dos à ses reins. Il semblait contrôler ses attitudes corporelles, non car il voulait qu'on le trouve élégant et beau, mais parce qu'il avait acquis une discipline et qu'il était si imprégné d'elle qu'elle travaillait en lui sans qu'il s'en soucia. Elle avait fait un premier portrait qui était celui d'un rêveur et en dessinant le second, elle sentait qu'elle voulait plus rendre compte ce qu'Erik était pour elle à cet instant : un jeune homme vêtu comme un autre, peut-être un peu plus raffiné qu'un autre d'une part mais conscient de son art et de la beauté que cet art lui conférait. Car le danseur, malgré l'attitude adoptée, affleurait. Elle sentait aussi et voulait rendre compte de la complexité d'Erik. Celui qui pouvait être une jeune faune et en être magnifiquement heureux et celui qui laissait ce même faune en lui au repos et se montrait triste, presque blessé.

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