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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
5 mars 2024

Erik N / Le Danseur. Partie 3. San Francisco. Surprenante rencontre.

 

Il fit ses bagages, partit pour San Francisco et prit un hôtel près du Golden Gate. Il fit ensuite un tour de ville touristique où il prit de multiples photos qui l’amusèrent. Seul, loin de ce tournage éprouvant, il se sentait léger. Près du musée d’art moderne, il avisa la galerie d’un photographe dont le nom était connu : Rob Williamson. Celui-ci était réputé pour la qualité de ses portraits en noir et blanc et la variété des modèles choisis, non professionnels le plus souvent. Comme il commençait à regarder l’un après l’autre les clichés exposés, il vit venir vers lui un homme de taille moyenne qui devait avoir la cinquantaine. Il avait l’air triste. Il le reconnut d’emblée : c’était le maître des lieux et donc, l’auteur des photos.

-Vous me reconnaissez ?

-Oui.

-Que savez-vous de moi ?

-Vous êtes l'auteur d'un livre sur l'étrangeté de la Californie, sur des jeunes filles qui tentent l'aventure du cinéma en Amérique et sur le métissage culturel à Los Angeles et San Francisco. Vous avez aussi beaucoup photographié de nombreuses personnalités du cinéma, de la chanson et du théâtre et délivré d’eux des portraits, très soignés, en noir et blanc. L’élite vous recherche : vous aimez surprendre.

-Eh bien ! Vous êtes bien renseigné !

-J’ai lu sur vous et bien sûr, j’ai vu des photos.

-J’ai d’autres sujets de prédilection, vous savez. Regardez : pensez-vous que ces jeunes hommes dont vous regardez les portraits font partie d’une élite ?

-Non mais je parlais d’une partie de votre travail : les célébrités.

-Ceux-là, personne ne les connaît. Je suis le seul, souvent, à savoir leurs noms.

-Ils nous regardent : on dirait qu’ils veulent nous les dire.

-Sont-ils vivants ? Pensez-vous qu’ils le sont ?

-Je pense que oui.

-Je les connaissais ; ils sont morts. Vous entendu parler de cette maladie qui nous frappe ?

-Oui, mais je vous avoue vivre assez égoïstement. Je suis tout entier dans le film que je tourne.

-Vous vous en moquez, alors ?

-Non, vraiment non. Excusez-moi, je ne voulais pas vous heurter.

-Vous ne me heurtez pas. Notre communauté est très atteinte. Une maladie horrible. Mais peut-être tout ceci ne vous touche-t ’il pas ?

-La souffrance m’atteint.

-Qu’est ce vous savez de la souffrance ?

-Rien si je me fie au ton de votre voix ; mais c’est faux. J’ai eu mon lot et ce n’est pas fini.

-Vous êtes vivant.

-Et cette maladie dont j’ai entendu parler leur a ôté la vie.

-A l’un d’entre eux surtout. Regardez, il est là.

C’était un homme qui devait avoir trente ans, assez beau, le sourire et les yeux tristes.

-Je l’aimais. Il me le rendait.

Erik tourna le dos à cet impétueux photographe mais celui-ci le rattrapa.

-Je vous fais entrer dans mon histoire personnelle.

-Oui et je ne sais pas quoi vous dire. Vous savez moi, la souffrance, ça passe par des figures de danse, des mouvements des bras ou des jambes, des arrêts puis des sauts…Mon univers, c’est la danse, pas les mots.

 

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