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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
2 avril 2024

Erik N / le Danseur. Partie 3. Un film en Amérique. Erik et les défis.

 

1. Un engagement, un départ, un film

En juin 1987, Erik prit l'avion pour Los Angeles avec Christopher Wegwood et tous deux bavardèrent. C’était un américain originaire de Philadelphie.  Il avait été danseur avant d’être chorégraphe et avant de revenir dans sa ville natale, il avait travaillé à Washington. Il rêvait bien sûr d’une reconnaissance bien plus marquante que celle qui lui avait été jusqu’alors réservée et il comptait sur ce film pour l’atteindre. Eric et lui n’avaient eu l'un avec l'autre que des rapports professionnels mais, sachant qu'ils allaient commencer un tournage, ils sentirent l'enjeu d'une bonne entente. Wegwood semblait l'opposé d'Erik. Il avait épousé une ballerine dont il avait deux enfants, il croyait au couple, était un père attentif et accordait beaucoup d'importance aux valeurs de la vie conjugale. A trente-cinq ans, il restait ambitieux. Il se voyait bien créer sa propre compagnie, entraîner ses danseurs et leur faire interpréter ses propres chorégraphies. Il se sentait prêt aussi à mettre en scène une comédie musicale où un spectacle de danse orienté vers le tango. Et, comme il n'était ni un rêveur et encore moins un idéaliste, il se disait que si tout cela ne fonctionnait pas, il avait assez de talent d'abattage pour se faire inviter comme chorégraphe par de grandes compagnies de danse ! Au mieux, il avait devant lui de belles années de création et au pire, il devrait rester pragmatique. Il ouvrirait une école de danse chez lui, à Philadelphie, et se ferait connaître. Beaucoup de jeunes danseurs sont déterminés à mettre toutes les chances de leurs côtés pour réussir : un professeur doué et charismatique, des exigences élevées et beaucoup de professionnalisme pouvaient emporter la donne. Pour l'heure, il avait attiré l'attention sur son travail. Il existait beaucoup de versions du Sacre du printemps, chaque chorégraphe cherchant à donner à l’œuvre une touche personnelle. De New York, il gardait le souvenir d'une épreuve réussie. Il avait fédéré une troupe de haut niveau, dirigé l'ensemble des danseurs avec sagacité et fermeté et s'était « attaqué » aux « stars » dont Erik. Il faut se méfier de gens comme lui, apparemment si souriant et courtois. Avoir obtenu de ce jeune homme distant une telle confiance l'avait récompensé de ses audaces. Désormais, ils s’estimaient.

Dans l’avion, ils parlèrent du film et Wegwood qui avait déjà rencontré le producteur et le metteur en scène, ainsi que les deux scénaristes, lui dit que le film reposait sur le choix du danseur. Il ne s'agissait de transposer de la danse au cinéma et que se dire que bon an mal an, on finirait par sortir le film. Il fallait montrer la trajectoire d'un danseur d'aujourd'hui, sa vie intérieure et ses aspirations et montrer comment celle-ci pouvait se retrouver liée au danseur phare du début du vingtième siècle. Bientôt, il en saurait plus ...

Quand ils atterrirent, ils étaient l'un et l'autre contents. Christopher retrouvait sa femme et ses enfants, qui étaient venus le soutenir et rapidement, il travaillerait avec Erik et les autres danseurs sur les trois ballets qui seraient centraux dans le film : le Spectre de la rose, L’Après-midi d’un faune et Jeux. Quant à Erik, qui avait déjà appris son rôle, il devrait travailler sa diction avec un coach car il n’était pas acteur ; c’était important pour les extraits du Journal de Nijinsky qu’il devrait réciter çà et là. Docile, il avait déjà trouvé quelqu’un à New York pour travailler en ce sens et il était d’accord pour poursuivre.

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