Jean Babilée ? Un prince français.
Un sourire à tomber, un profil de beau gosse éternel, une verve de conteur. Légende de la danse, Jean Babilée est mort à 7 heures du matin, jeudi 30 janvier, à quatre jours de son 91e anniversaire. Entré lundi à l'hôpital Cochin, à Paris, pour une fracture du col de fémur, il y est décédé de complications pulmonaires, suite à la reprise fulgurante d'un cancer du poumon. Il y a tout juste un an, pour ses 90 ans, sa femme Zapo Babilée, rencontrée en 1981, l'avait emmené au Sénégal où ce grand voyageur (il a arpenté l'Europe, l'Asie, l'Inde et les déserts d'Afrique du Nord) avait fêté son anniversaire sous les manguiers.
LA LIBERTÉ EN BANDOULIÈRE
Lorsqu'on le croisait, la sensation de voir un mythe vivant descendre de son piédestal était vite télescopée par l'extrême simplicité de cet homme de plain-pied dans le quotidien. Celui qui disait « qu'il montait sur un plateau non pour se montrer mais pour s'isoler » s'était construit un parcours de haute volée, librement sculpté autour de son talent infini et de son appétit pour la vie.
Jean Babilée, de son vrai nom Jean Gutman, est né à Paris le 3 février 1923. Babilée, qu'il choisira comme nom de scène et officialisera pour se marier avec Zapo en 2000, est celui de sa mère. En 1936, il commence ses apprentissages à l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris, avant d'intégrer quatre ans plus tard les Ballets de Cannes. De retour dans la capitale, la guerre l'en éloigne de nouveau en 1944 et casse la ligne droite d'une carrière de danseur à l'Opéra comme Babilée aurait pu en rêver. Il décide de rejoindre le maquis et la résistance près de Tours. Très bon tireur, il participe à des opérations-commandos.