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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
21 février 2024

Erik N / Le Danseur. Partie 3. Fête calfornienne.

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Une grande fête marqua la fin du tournage et tous s’y rendirent. Passer des exigences parfois hautes d’un tournage qui avait demandé silence et concentration à l’univers cosmopolite de ce grand rassemblement était surprenant. Une grande maison avait été louée. Un très grand salon ouvrait sur le Pacifique et dans la nuit, quand la musique s'interrompait, on entendait son bruissement. Christopher, que sa femme et ses enfants venaient de rejoindre, et Erik furent pris dans un tourbillon. Tous les acteurs, les conseillers techniques, les techniciens et les danseurs étaient là. Mills riait beaucoup et Enrico, le chauffeur de la production, jouait dans l’orchestre. Il y avait beaucoup de jolies filles qui, vêtues de jupes courtes ou de robes moulantes, attiraient les regards et créaient une tension érotique et une compétition entre les mâles. La plupart d'entre elles avaient tourné autour du film : maquilleuses, coiffeuses, habilleuses. Ce fut Chloé qui, invitée aussi, vit Erik en premier et fit ce qu’il fallait pour se rapprocher de lui. Elle était toujours ravissante et vêtue d'une robe blanche courte mais élégante. Elle avait de grandes boucles d'oreille et ses cheveux longs et très blonds, étaient libres. Il fut violemment troublé mais il s'efforça de paraître naturel. Elle fut simple. Elle avait appris qui il était sur ce tournage et elle était très émue.

-Une des écoles new-yorkaises a répondu.

-Ah ? Déjà ?

-Je suis admise.

-C’est merveilleux mais tu dois attendre les autres réponses !

-Mais c’est celle-là que je veux !

-Ne sois pas inquiète, je t’aiderai.

Ils voulaient parler ensemble plus intimement mais le bruit les gênait.

-Quelle cacophonie !

Chloé acquiesça.

-Il y a du monde sur la plage en bas. Viens, on n’y va nous-aussi !

Elle était magnifiquement tentante et il se sentait bouleversé. Son beau visage ovale tourné vers le sien, elle le regardait avec intensité.

-Alors Erik, tu viens ?

Elle eut un rire tendre en constatant qu’il hésitait beaucoup.

-C'est une plage privée, tu sais. On ne court pas de danger ! Il y aura du monde mais on ira plus loin

-Tu veux aller plus moins ?

-Oui !

Elle rit plus nettement et il la suivit. Dans l’escalier qui descendait vers la plage, elle l'attira à lui pour l'embrasser. Il referma tout de suite ses bras sur lui et la serra aussi forte qu'elle put. Il fut envahi de la même excitation violente qu'il l'avait saisi lors de leur première rencontre mais, prudente ou rusée, elle se détacha de lui.

-Oh non, monsieur trop pressé, on va d'abord à la plage !

La lune était haute et pleine mais le décor restait sombre et ils se plurent à marcher un peu hasard en se tenant par la main. 

 

Quand ils atteignirent l'eau, ils rirent comme des enfants. C'était marée basse et les vagues étaient douces. Erik se déshabilla d'abord mais ne se mit pas nu. Elle retira sa robe sous laquelle elle ne portait qu'une culotte haute et blanche. Ils se mirent à nager en s'interpellant et en s'amusant, semblables à deux étudiants qui, pour se délasser de leurs examens de fin d'année, auraient choisi une expédition nocturne sur une plage peu fréquentée. Quand elle se rapprocha de lui et l'enlaça, ils continuèrent de parler et de rire, dans une totale liberté. Puis comme ils sortaient de l'eau, ils furent à la fois plus émus et plus décidés. Ils s'embrassèrent encore et s'allongèrent sur le sable humide. Ils avaient peu de vêtements à retirer mais ils éprouvèrent à ce déshabillage simple, un plaisir infini. Il retrouva le bonheur qu'il y avait à la caresser et à l'embrasser, à rencontrer son regard clair, gai et émerveillé et à la sentir si douce et si humide. Elle était décidée et il était fou de désir mais bien qu'elle fût adroite et généreuse, il ne lui fit pas l'amour. Comme elle semblait déconcertée, il la caressa avec ses doigts et sa bouche et elle se libéra avec grâce. Quand elle se fut apaisée, il s'allongea à ses côtés. Durant tout le temps où ils s'étaient cherché et étreint, ils avaient été absolument seuls mais Chloé, se redressant brusquement, sentit un danger.

-Je crois que d'autres personnes arrivent.

-On ne peut pas aller plus loin, alors ?

-Je pense que non. Ce n’est pas l’envie qui me manque de faire l’amour.

Ils se rhabillèrent rapidement et revinrent dans la villa.

-Plus tard ? Ailleurs ?

-Bien sûr.

Ils retournèrent dans la salle au bout d’un moment, ils se séparèrent, choisissant des interlocuteurs divers. Il la perdit de vue puis la retrouva soudain et la regarda danser avec un autre garçon. C’était doux et très sexuel en même temps d'autant que c'était une danse lente qui incitait à l'abandon et il aurait aimé être à la place de son partenaire. Il avait cependant le meilleur rôle et plus tard dans la nuit, ce fut lui qui dansa avec elle.

A l’aube, ils étaient tous deux dans la piscine et riaient avec d’autres.  Elle sympathisait avec Wegwood et sa famille et riait avec les danseurs. Il avait, quant à lui, oublié ses angoisses et finit par l’emmener chez lui pour dormir avec elle. Quand ils se furent réveillés, il lui dit :

-Quand viendrais-tu ?

-Dans deux mois. Ce sera long.

Erik se sentait très ému :

-Tu penses que je ne suis pas fiable ?

-Si mais je ne sais rien de ta vie là-bas.

-Tu es dubitative. Tu crois que je n'ai pas de conscience, que je suis un petit animal ? Je vais t’oublier…

-Non, je te plais, je le vois. Mais il y a New York et ce que tu ne m’as pas dit. J’ai peur que tu sois pulsionnel.

Le jeune homme fut frappé et lui dit :

-J’ai eu une vie avant toi mais toi-aussi, tu en as eu une avant moi. J’étais au Danemark, toi en Californie. Tu m’as parlé de ta famille et j’ai évoqué la mienne. Quant à l’amour, on l’a déjà rencontré ou cru le faire.

-Qui est-ce ?

-Quoi ?

-Il y a quelqu’un à New York, je le sens. Dis-moi de qui il s’agit.

-J’ai eu une liaison avec Barney mais elle est terminée.  Ce qui est important, c’est ce qui est arrivé ici. Ta rencontre. Je voudrais crier. Ces jours, ce film. Trop de force. Tout a été extraordinaire.

-Je le sais Erik, je le sais. Difficile et extraordinaire. Moi-aussi, je voudrais crier.

-On reste ensemble jusqu’à la fin ?

-Quelques jours encore. Je voudrais aller à san Francisco.

-Je ne peux pas te suivre. J’ai besoin de gagner de l’argent pour payer mes études.

-Je sais.

-Je dois te dire …

-Chloé, je suis amoureux de toi.

-Ne t'avance sur rien. Ce pourrait être si cruel !

Erik caressa la joue de la jeune femme et y trouva un cil blond. Il le garda.

-Joli cadeau inattendu ! Ecoute, ne doute pas. Je me suis déjà engagée à ton égard. On se voit bientôt. Si l’on y réfléchit, ça ira très vite.

-Oui ! Bon voyage.

Il lui sourit puis l’embrassa. Elle était trop belle.

Saluant les uns et les autres, il fit ses bagages. Wegwood tint à lui parler et Mills aussi. Le chorégraphe voulait monter une compagnie de danse et escomptait qu’Erik en serait membre. Avec un tel danseur, son salut était assuré. Le metteur en scène, lui, songeait à un autre film. Erik avait des qualités d’acteur. Il lui ferait signe. Que tout cela était surprenant ! Il les faisait rêver l’un et l’autre. Leur répondrait-il ? Il l’ignorait.

Il contacta le New York City ballet et annonça son retour ; Martins lui répondit en danois qu’il en était ravi. Julian, circonspect, lui écrivit qu’il serait heureux de le revoir sur scène. Comme à chaque fois qu’il l’entendait où le lisait, Erik fut troublé.

 

 

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