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Moi, je sais d'où souffle le vent. Ecrits sur la danse.
15 février 2024

Erik N / Le Danseur. Partie 4. Erik et Chloe. Débuts heureux à Hambourg.

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Hambourg, ville de la Hanse, était la cousine de Copenhague, belle, pleine de canaux, nordique par son ambiance et cosmopolite. Il ne trouva pas compliqué de s'y installer et trouva un trois pièces très claires près de l'Opéra. Il avait fait suivre les dessins de Chloé, « Erik rêveur », « Le danseur alangui » et la série sur Jeux mais il leur préféra vite de petits tableaux de l’école de Skagen, qu’il avait peu à peu achetés au Danemark et il construisit un espace pur et singulier dans lequel il aimait être en silence et jouer du piano. Il y reçut peu à peu des danseurs avec lesquels il se lia, aussi. Chloé tenta d’être enthousiaste et gaie. Il lui promettait des escapades à Londres et à Paris. Hambourg était une grande ville intellectuelle dans laquelle on pouvait marcher sans fin et Erik restait à la fois l’amant avisé, le confident et l’incomparable interlocuteur qu’elle aimait. Elle continuait de se persuader qu'avoir rencontré un être comme lui était une chance extraordinaire mais elle voyait désormais que toute carrière personnelle serait compliquée si elle continuait de le suivre.

Erik dansait sur la cinquième et la sixième symphonie de Mahler et les critiques continuaient de louer son travail. De ses productions à elle, nul ne se souciait alors qu’elle avait participé à de nombreux projets et en avait initié d’autres. A Londres et à Paris, elle aurait peut-être pu travailler beaucoup et exposer. Hambourg, ville hautaine et froide pour la californienne qu’elle était, la rebutait : elle y était inconnue.  Il lui restait une fois de plus à montrer ce qu’elle savait faire et elle ne se découragea pas d’abord, mettant en avant un press-book impressionnant. Elle ne trouva rien d’abord.

-Tu me laisses à distance.

-Quoi ? Mais non !

Ils disaient vrai cat il restait proche d’elle ; ils parcouraient les mêmes terres. Malgré tout, il changeait. Elle le trouvait plus austère. Il portait souvent du noir, avait les cheveux plus courts et arborait un bonnet de laine noire qui lui donnait l’air d’un moine. Il restait beau mais n’était plus immédiatement séduisant. Le savait- il ? Il avait beau rester des soirées entières à parler avec elle, la convier à des dîners, visiter avec elle les musées de Hambourg et marcher le long des canaux, elle le sentait différent. Il se montrait tendre avec elle et était de bon conseil mais il devait avoir en tête un projet dont il ne lui parlait pas.  A moins que ce ne fut une attirance violente pour une nouvelle personne et qu’il ne sût pas encore trop faire de celle-ci…

Sur son instigation, elle avait décidé de suivre des cours d’allemand, ce qui l’avait mis en contact avec pas mal d’étudiants. Elle avait aussi pris des cours de dessin mais son niveau étant si élevé, on l’avait orienté vers des galeries d’art. Il y avait beaucoup d’anglophones à Hambourg. Elle était invitée. Elle exposerait. Et puis, Claire ou Marianne venaient de Copenhague et elle les adorait.  Elle était avenante alors, allait faire des courses, s’amusait. Pourtant, un malaise revenait en elle : Barney, Williamson. Erik face à des hommes mûrs qui n’étaient pas les derniers des derniers. S’il en venait un autre en Allemagne ? Mais se plaindre à son beau danseur, elle n’y arrivait pas. Qu’aurait-elle pu dire d’ailleurs ? Il savait trouver les mots.

-Ma chérie, tu vis avec moi !  Tu restes gracieuse et rayonnante et je retombe amoureux de toi chaque fois que je te vois. Rien n’est accablant !

-Accablant ? Non…

Il était sûr de lui et ses yeux bleus qui se posaient sur elle reflétaient une telle certitude qu’elle en était suffoquée. Elle le resta puis tout changea

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